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En entrevue avec Fernand Séguin, Georges-Émile Lapalme discute du document Pour une politique, qu’il a rédigé en 1959 et qui est à l’origine du programme électoral des libéraux lors de la campagne électorale de 1960.
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Un précurseur et un penseur de la révolution tranquille [Fernand Séguin] : Vous m'avez dit que je commençais raide. Je vais commencer encore plus raide parce que j'ai lu, il y a quelques jours, un document qui a été pour moi, un véritable choc.
C'est un document en deux cahiers. En voici un cahier. Ça s'intitule Pour une politique.
Ça porte en exergue une citation de Molière : "Je hais les coeurs pusillanimes qui pour trop prévoir n'osent rien entreprendre."
Ce sont des textes que vous avez écrits en 1959. Et qui ont eu une circulation extrêmement limitée.
Je crois qu'il y a eu une douzaine de personnes qui ont pu les lire.
Hors, quand on consulte le programme du Parti libéral –
je vous rappelle des mauvais souvenirs ou enfin je vous rappelle des souvenirs –
quand on consulte le programme du Parti libéral de 1960 qui donnait les grands principes de la politique qu'on a appelés de la Révolution tranquille,
on s'aperçoit que c'est exactement la même chose.
Ce qu’il y avait dans ce texte-là se retrouve dans le programme.
Est-ce que, par conséquent – et c'est une révélation que je vous demande –
est-ce que vous seriez l'auteur du programme politique de 1960 ?
Est-ce que vous seriez le père méconnu de la Révolution tranquille ?
[Georges-Émile Lapalme]: Bah euh, méconnu, il y en a tout de même quelques-uns qui le savent.
[FS]: Maintenant oui (Georges-Émile Lapalme rit); depuis deux secondes oui. [GÉL] : Oh non, avant ça.
[GÉL]: Ça, c'est un, c'est un, c'est un résumé. Je n'appellerais même pas ça un résumé.
C'est moins qu'un résumé de ce qu'il y a dans ce que vous avez devant vous.
Ça n'était… Les choses qui étaient contenues là-dedans étaient pas des choses totalement inconnues, mais elles étaient passées inaperçues à peu près comme tout ce qu'on avait fait pendant ou tout ce qu'on avait dit pendant toute la période durant laquelle j'ai été chef de l'opposition.
Ce que nous disions, autant en emportait le vent, mais il vient des moments où, comme celui que nous avons connu, il vient un moment où tout à coup, l'on fait des découvertes.
Ceci avait été préparé au printemps de 1959, au retour de la session.
Ça avait commencé par vouloir faire un mémoire pour moi; pour préparer la session suivante qui commençait en novembre lorsque tout à coup, je me suis aperçu que ce mémoire-là, qui avait 60 pages sans autres séparations que celles qu'il y a entre paragraphes, que ce mémoire-là était trop long de la façon dont il était fait.
Alors je l'ai divisé en chapitres et je me suis aperçu à ce moment-là que ça donnait l'impression d'un livre commencé.
C'était des choses qui étaient pour moi, uniquement à partir de là je me suis, je me suis dit que plutôt que de préparer uniquement la session de 59-60, que je devrais peut-être préparer des choses qui iraient plus loin que ça parce que les élections devaient arriver en 60.
Alors c'est devenu une sorte de, d'autocollectique du parti fait par le chef du parti, ou l'ancien chef du parti d'une part, et ensuite ce que je considérais être un point de départ pour une politique future.
 
Alors ça a fait un volume commencé, je ne me rappelle pas les dates, sont là, commencé en avril et terminé en mai, je crois.
[FS, regarde dans le volume] : Celui-là, je crois que c'est ça.
[GÉL]: Qu'importe c'est dans le même été… C'est dans le même printemps et le même été.
Alors dans cette première partie, c'était, on ne dirait pas, théorique, mais disons que ça se rapprochait d'une théorie, et dans la deuxième, la deuxième partie, c'est un volume un peu moins considérable que celui-ci.
Je me suis mis à étudier le mécanisme des ministères, en fonction de ce que j'avais écrit dans le premier volume.
Hors, j'ai dis que ceci n'était pas tout à fait inconnu, c'est-à-dire n'était pas demeuré uniquement dans  mes tiroirs parce que j'en avais, j'en avais distribué.
[FS]: Douze copies maximum. [GÉL]: J'en avais fait distribuer une douzaine de copies parce que l'ouvrage avait été « monographié » et je me rappelle fort bien que je terminais le deuxième le 31 août. Le 30 ou le 31 août.