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Manifestation des travailleurs de la construction en grève à Trois-Rivières en 1967
Grève des employés de la Banque d'épargne de Montréal en 1967. Un bon nombre d'entre eux font du piquetage, pancartes à la main
Grève des employés de la Banque d'épargne de Montréal en 1967
Dans les années 1960, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) présentent des mémoires au gouvernement du Québec. Sur cette photo, le premier ministre, Jean Lesage, et le ministre du Travail, René Hamel, sont entourés des membres de la délégation de la FTQ avec, à sa tête, Roger Provost, son président
Jean Lesage, et ministre du Travail, René Hamel, entourés des membres de la délégation de la FTQ avec, à sa tête, Roger Provost, son président
En 1965, les postiers du Canada se mettent en grève. Ils réclament une hausse de leurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail. Certains d'entre eux font du piquetage devant un bureau de poste
Postiers du Canada se mettant en grève
En avril 1964, les membres de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) se réunissent en congrès extraordinaire pour contester le nouveau code du travail adopté par le gouvernement du Québec. Sur la photo, on voit Roger Provost, président de la FTQ, Guy Marcil-Desaulniers, conseiller juridique, et Louis Laberge, vice-président de la FTQ
Membres de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) se réunissant en congrès extraordinaire

Un syndicalisme revendicatif

Le mouvement syndical tenu en échec par Duplessis

Il est notoire que le gouvernement de l'Union nationale sous Maurice Duplessis entretient un préjugé défavorable à l'égard des syndicats. Consolidées au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les assises du mouvement syndical sont mises à rude épreuve à la fin des années 1940 et tout au long de la décennie suivante. La situation est à ce point difficile que la portion de l'effectif syndical dans l'ensemble des travailleurs s'abaisse entre 1946 et 1951 avant de regagner le terrain perdu dans les années qui suivent (voir figure). Sous le règne de Duplessis se déroulent quelques-unes des grèves les plus dures du 20e siècle: celles de l'amiante à Thetford-Mines et à Asbestos en 1949; de l'Associated Textiles of Canada de Louiseville en 1952-1953; et de Murdochville en 1957. Dans chacun de ces conflits, le monde syndical essuie une défaite cinglante ou a enregistré des gains peu significatifs.

Les travailleurs syndiqués au Québec, 1941-1971

Les travailleurs syndiqués au Québec, 1941-1971

Les travailleurs syndiqués au Québec, 1941-1971
Année Travailleurs syndiqués
1941 20,7%
1946 29,3%
1951 26,5%
1956 28,7%
1961 30,5%
1966 35,7%
1971 37,6%

Source : Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme québécois. Des origines à nos jours, Montréal, Boréal, 1989, p. 201 et 289.

Les syndicats participent à la Révolution tranquille

Immédiatement après le décès de Maurice Duplessis, son successeur, Paul Sauvé, instaure un nouveau climat sous le signe de la détente entre les organisations syndicales et le gouvernement du Québec. Porté au pouvoir en 1960, le nouveau premier ministre, Jean Lesage, adopte la philosophie prônée par Sauvé. Un nouveau code du travail est voté en 1964, le précédent ayant été trop trituré par Duplessis. En vertu de celui-ci, les travailleurs dans les services publics obtiennent le droit de grève, à l'exception des pompiers et des policiers, ce qui aurait été impensable sous l'Union nationale. De plus, les syndicats ont dorénavant voix au chapitre sur les réformes mises de l'avant par le gouvernement, plusieurs d'entre elles étant souhaitées par les premiers depuis longtemps. Des représentants syndicaux siègent sur des commissions et des organismes consultatifs. Dans un tel contexte, pas étonnant que la portion des travailleurs syndiqués augmente de façon notable (voir figure). Après avoir franchi la barre des 30 % en 1961, elle grimpe à près de 38 % dix ans plus tard.

Le milieu syndical se radicalise

Influencées par des idées d'inspiration notamment marxistes, les organisations syndicales se radicalisent dans la seconde moitié des années 1960. Par conséquent, les relations entre, d'une part, le monde syndical et, d'autre part, les employeurs et l'État se détériorent. Au cours des années 1966 à 1970, 143 grèves ou lock-out en moyenne sont dénombrés chaque année, et principalement dans les secteurs public et parapublic. En 1966 seulement, le Syndicat des fonctionnaires du gouvernement du Québec (25 000 personnes), les 32 500 travailleurs des hôpitaux du Québec et 2 300 professeurs des écoles normales et des écoles d'agriculture et de technologie menacent de recourir à la grève cependant que les 1 800 professionnels de la fonction publique, les ingénieurs d'Hydro-Québec et les travailleurs de la construction, eux, débrayent. Tout au long des années 1970, le syndicalisme au Québec continue de progresser avant de connaître un recul dans le contexte de crise du début de la décennie 1980-1990.

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